Alors qu’il était jusqu’ici méconnu du grand public, le directeur de cabinet du président de la république est depuis quelques temps, l’objet de tous les fantasmes au Gabon, au point que certains l’assimilent même à un président bis.
Comment expliquer cette irruption subite sur la place publique, d’un personnage qui était jusqu’ici discret au regard de l’importance de son poste ?
Pour une large opinion, le rôle d’un directeur de cabinet du président a été galvaudé à partir du Gabono-béninois, Maixent Accrombesi, soupçonné d’avoir joué de cette place pour détourner à souhait l’argent de l’Etat. Non sans user de son influence pour positionner un réseau de poulains dans l’administration publique, dont certains comme Magloire Ngambia, se trouvent derrière les barreaux depuis deux ans pour détournement de fonds.
Des accusations renforcées par le défunt journaliste français, Pierre Pean, qui dans son livre, ’’Nouvelles affaires africaines : mensonges et pillages au Gabon’’, relatait comment Accrombessi, à partir de son bureau en un seul clic, subtilisait l’argent des régies financières. Son interpellation par la police lors d’un séjour en France au sujet d’un contrat d’équipements militaires, finira par renforcer cette image d’un directeur de cabinet trop affairiste, au point qu’il était devenu aux yeux de la majorité des Gabonais, l’homme qu’il fallait à tout prix abattre pour libérer le pays. Son limogeage en 2017 est alors vécu comme un ouf de soulagement.
Mais très vite, le ouf de soulagement se transforme en un agacement quand, Bruce Laccruche Alihanga, un métis de mère française et de père Gabonais du Haut-Ogooué, polarise lui aussi l’attention en faisant nommer dans l’administration et à des postes stratégiques, ses hommes de confiance. Dans ses différentes publications, La Lettre du continent, journal très renseigné dans les arcanes du pouvoir, révèle les manœuvres et les luttes d’influence du nouveau directeur de cabinet présidentiel, dont la stratégie était de mettre hors système, tous les cadres du PDG qui n’étaient pas membres de son association des jeunes émergents volontaires (AJEV).
Pari en partie réussi puisque dans la foulée des élections locales et législatives de fin 2018, il réussira à créer des petits partis comme les RV et RDV pour contrer les candidats du Parti démocratique gabonais sur le terrain. Il y mettra le paquet puisque ces candidats pour la plupart inconnus de la scène politique réussiront à battre certains pédégistes, avec parfois des sommes de millions considérables là où le PDG n’avait à peine que 5 ou 10 millions de frais de campagne.
Pire, l’organisation par lui d’une tournée provinciale, bien qu’ayant drainé du monde et mobilisé toute l’administration avec le gouvernement qui a fait des courbettes au premier rang, passe très mal dans l’opinion, dénonçant une usurpation de rôle, bien que cette tournée ait été organisée au nom du président Ali Bongo Ondimba.
D’ailleurs, sa destitution le 7 novembre dernier sera moquée sur les réseaux sociaux comme un signe de soulagement pour un homme qui agissait au-delà des limites de son rôle.
Mais au fond, si les directeurs de cabinet du président de la république sont restés des hommes discrets pendant les 41 ans du règne de Bongo père, Accrombessi et Laccruche Alihanga auront, sans doute par excès de zèle et de pouvoir, réussi à "dénaturer" un poste qui exige discrétion et maturité. Au point qu’ils ont été considérés comme des présidents bis.
Théophile Ogandaga saura-t-il se démarquer et faire mieux ? C’est en tout cas la question que se posent de nombreux Gabonais qui scruteront désormais au détail près, ses moindres faits et gestes.
Leno Koleba
Vos commentaires
# Le 15 novembre à 10:19, par ENDUNDU
En réponse à : Directeur de cabinet du président : De l’ombre à la lumière, la raison des fantasmes
Mr OGANDAGA s’en sortira au regard de son expérience managériale et de son background. Scientifique qu’il est, il ne saura négocier n’importe comment, ou c’est pile ou c’est face avec lui...
Répondre à ce message
Répondre à cet article
Suivre les commentaires :
|
